mardi 1 janvier 2008

Un blog sur la communication de la chimie

Tous les chimistes s’accorderont à le dire : Pour parler de la chimie et de son rapport avec la société, l’avoir apprise et pratiquée est une condition nécessaire. Mais cette condition est-elle pour autant… suffisante ?

Deux sous-questions transparaissent dans cette interrogation initiale :

1/ Sommes-nous bien certain qu’il suffise d’être chimiste*, quel que soit le sens que l’on confère à ce terme, pour pouvoir légitimement prétendre avoir compris* la chimie ? C’est-à-dire non seulement ses fondements théoriques, ses représentations, ses grandes réactions, ses techniques, ses procédés industriels, ses applications majeures et ses perspectives de développement, mais également ses fondements philosophiques, son histoire, ses paradigmes*, ses révolutions conceptuelles, ses écueils didactiques, ses intrications sociales et économiques…

2/ Est-il même suffisant d’avoir compris la chimie, au sens large ci-dessus défini, pour pouvoir parler de sa relation* avec la société ? De même que pour réussir sa relation de couple, il est nécessaire d’avoir développé une certaine connaissance de soi et la compréhension de l’autre, peut-on légitimement prétendre contribuer au rapprochement de la chimie et de la société sans avoir placé un minimum d’efforts dans la compréhension attentive, dans l’écoute tolérante, de la société elle-même et de toutes ses composantes ?

C’est parce que nous sommes à peu près sûrs du contraire que nous proposons, à travers le rendez-vous mensuel que constituera désormais cette chronique délibérément provocatrice, des pistes destinées à mieux comprendre les relations ambigües que la chimie entretient avec la société [i], à travers la compréhension conjointe de la chimie et de la société.

Il ne s’agira pas d’y communiquer la chimie directement mais bien d’y exposer divers points de vue, thèses et exemples marquants en vue de permettre au lecteur : 1/ d’élargir sa perception de la nature de notre discipline, 2/ d’aiguiser sa réflexion sur les modalités du dialogue chimie-société et 3/ de trouver des clés d’une communication performante pour son usage individuel.

Que le lecteur ne s’inquiète pas outre mesure du ton parfois provocateur que nous nous autoriserons à utiliser : l’objectif de cette chronique ne sera ni de livrer les contradictions internes de la discipline en pâture à ses éventuels détracteurs, ni de lui intenter des procès injustes et intempestifs. Bien au contraire, nous voulons initier une réflexion profonde, impudique et sans tabous, autocritique et volontairement dérangeante, mais toujours bienveillante, pour sortir la chimie de l’impasse communicationnelle dans laquelle elle se trouve depuis trop longtemps, pour rechercher des solutions hors des sentiers devenus des autoroutes à force d’être (re)battus, et contribuer à fonder le futur d’une chimie en société.

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* Dans toutes nos chroniques, chaque terme nécessitant des éclaircissements trop longs pour être fournis sur le moment sera marqué d’une étoile indiquant qu’il pourra être développé dans un texte ultérieur.

[i] Dans le numéro spécial de L’actualité Chimique, n°280-281 (nov-déc 2004) : Le chimiste et le profane : partager, dialoguer, communiquer, vulgariser, enseigner, nous parlions avec Bernadette Bensaude-Vincent de leurs « amours sulfureuses ».

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